La cristallerie tricentenaire de La Verrerie-de-Portieux est une grande dame de l’histoire du pays
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500 ouvriers de la verrerie-de-Portieux ont fait grève pendant 24 h
Merci à M Jacques Cussenot pour l’envoi de cet article destiné à enrichir le site dédié à la commune de Portieux
Article publié dans la Liberté de l’Est du 9 juillet 1959
On lira en chronique régionale comment et pourquoi s’est déroulée hier à la verrerie-de-Portieux une grève de 24 h qui a touché 500 ouvriers.
A ce sujet la CFTC nous prie d’insérer
« Le syndicat CFTC de la verrerie-de-Portieux, réuni le 9 juillet 1959, félicite les travailleurs de la verrerie pour l’unanimité et la spontanéité de leur mouvement de grève du 8 juillet 1959,
« Rappelle l’injustice des sanctions prises contre les quinze verriers qui avaient assisté à l’enterrement de l’un des leurs,
« Protestent énergiquement contre des décisions qui font passer la production avant les manifestations de sympathie tout à fait légitime envers une famille éprouvée, « Pense que la réaction des travailleurs sera un avertissement pour la direction de la verrerie qui ne prendra plus à l’avenir de décisions aussi inhumaines,
« Le syndicat CFTC rappelle qu’il soutiendra toujours les travailleurs en lute pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, mais aussi pour défendre leur dignité et leur liberté. »
Ci-dessous l’article en chronique régionale
Grève générale à la verrerie de Portieux où les ouvriers se solidarisent avec douze de leurs camarades mis à pied pour 24 h
LA VERRERIE-DE-PORTIEIUX ((de notre correspondant)
Tous les rouages de l’importante verrerie de Portieux (Vosges) ont été paralysés. durant la journée d’hier.
Les quelque 500 ouvriers faisant grève par solidarité avec plusieurs de leurs camarades frappés d’une sanction qu’ils estiment injuste, C’est en effet, pour avoir assisté aux obsèques d’un de leurs camarades de travai ! M. Paul Klein, tailleur sur verre, âgé de 53 ans, décédé subitement alors qu’il était encore en activité à la verrerie, où il comptait 40 années de service, que plusieurs ouvriers furent mis à pied 24 heures par la direction.
M. Paul Klein ayant été prisonnier de guerre, la. section des ACPG avait désigné une délégation avec drapeau pour la représenter eux obsèques, D’autre part, plusieurs ouvriers décidèrent d’assister également à la cérémonie en témoignage de :sympathie envers leur compagnon disparu. La direction fuit pressentie pour accorder l’autorisation de quitter le travail pendant deux heures à ceux qui voulaient conduire M. Klein à sa dernière demeure. Cette autorisation fut refusée aux verriers travaillant aux services de production, Cependant, les hommes du four décidèrent de se rendre aux obsèques.
Quatorze d’entre eux, après avoir pris leur travail mercredi, â 6 heures, quittèrent l’usine à 9 h. 30, afin de suivre la levée de corps et la cérémonie funèbre. Ils étaient de nouveau à leur poste à 13 heures. Mais, dans soirée, on les informait que ta direction leur infligeait une mise à pied pour la journée du lendemain, à l’exception de deux d’entre eux, MM. Maurice Kribs, qui prononça le discours d’adieu au nom de la section locale des ACPG ; Haag, tambour. Ces deux hommes se déclarèrent toutefois solidaires de leurs camarades dans la sanction, comme ils l’avaient été dans le dernier hommage rendu au disparu.
Devant l’émotion soulevée par le geste de la direction, les responsables des syndicats CGT et CFTC se réunirent et décidèrent de lancer un ordre de grève générale pour 24 heures, par solidarité avec les ouvriers sanctionnés.
Aussi la grève était-elle totale hier. Les ouvriers gagnèrent le poste dès 16 heures du matin (sic), mais restèrent les bras croisés dans l’attente du résultat des pourparlers menés par le comité d’entreprise, dès 7 heures, avec M. Borrel (Borel), sous-directeur de la verrerie. Les délégués demandèrent que soit rapporté la sanction de mise à pied. En l’absence du [directeur, M. Hanus, actuellement à Paris, on n’aboutit aucun résultat. L’ordre de grêve fut donc maintenu.
Avant la rentrée de 13 heures, devant le portail, les délégués syndicaux firent le point de la situation, au cours d’une réunion publique, puis chacun réintégra la verrerie pour une occupation calme des leurs.
Dans l’après-midi, M. Quebre, Inspecteur du travail vint s’entretenir avec le comité d’entreprise, puis se rendit auprès du sous-directeur.
Les choses resteront en l’état jusqu’à l’heure de la sortie. La grève n’ayant été décidée que pour 24 heures, tous les ouvriers reprendront le travail aujourd’hui.